La polémique du jour : Faut-il en finir avec la maison individuelle ?

Verdict : c’est compliqué

Il y a un peu plus d’une semaine, la ministre du logement a provoqué une polémique en déclarant qu’il fallait «en finir avec la maison individuelle», ce «non-sens écologique, économique et social». Oui parce que la vérité fait souvent polémique quand elle est impopulaire. En l’occurrence la maison individuelle de banlieue est l’habitat idéal pour les trois-quarts des français, pour la plupart inconscients des réels problèmes écologiques, économiques et sociaux qu’elle soulève, pour reprendre les mots de notre ministre.

Peu importe donc que cette préférence ait partiellement été créée par un lavage de cerveau organisé, rendue possible par des conditions qui n’existent plus et qu’elle nous entraîne vers une catastrophe planétaire : le peuple a parlé, que le gouvernement et les experts se taisent.

Ceci dit, on peut reprocher à la ministre une présentation simpliste du problème, mais après tout c’est une politique, ils ne savent faire que ça. La situation est bien plus complexe et ce n’est pas vraiment la maison individuelle qui pose problème, mais une certaine vision de celle-ci. Et pour vraiment comprendre le problème il faut parler d’architecture, mais surtout d’urbanisme, d’écologie, et se pencher sur la situation aux États-Unis car tout vient de chez eux : le problème (partiellement), et la polémique. Et bien sûr on parlera de voitures, car si ce n’est pas le seul élément concerné, les voitures sont encore une fois au cœur du problème.

Un peu d’histoire :

Revenons au début du XXe siècle. La révolution urbaine est déjà commencée depuis un demi-siècle dans les pays industrialisés comme la France, mais les villes sont resserrées, accueillent toute sorte d’industries (ce qui pose de nombreux problèmes), et se développent autour des transports en commun existant : train, tramways ou métro. Le moteur à essence n’existe quasiment pas et les habitants des villes n’ont généralement pas de chevaux, les déplacements se font donc grâce à ces transports en commun, souvent hippotractés, à bicyclette ou à pied.

Même les villages sont souvent resserrés, parce qu’historiquement construits comme cela, pour des raisons variées, mais aussi pour ces raisons de déplacements. Des maisons individuelles existent, à la ville comme à la campagne, mais elles sont relativement rapprochées, et celles qui sont éloignées nécessitent peu de services : pas de tuyaux, pas de câbles, des routes en terre, toute l’infrastructure moderne est à construire.

Apparaît la voiture et les gouvernements des différents pays y voient tous la solution au problème des villes surpeuplées, polluées, où les pauvres s’entassent dans la misère et les maladies. Avec des moyens de transports individuels et rapides, plus besoin d’entasser les gens, et plus besoin de fournir une lourde infrastructure pour les transports et d’assurer leur régularité : des routes suffisent.

Ces gouvernements commencèrent donc à promouvoir la voiture et la vie qui allaient avec, rapidement appuyés (et même plus) par des constructeurs automobiles enthousiastes, forcément. Dans tous les pays on retrouve une histoire similaire : les rues qui étaient jusqu’ici à tout le monde sont appropriées par les voitures. En France, en 1921, alors que les véhicules à moteur représentent 17% à peine du trafic, alors que les vélo représentent 35% et les hippomobiles 48%, le code de la route est créé par un comité où l’on retrouve quatre représentants de l’automobile contre un chacun pour les cyclistes et les chevaux.

Jusque dans les années 20 voir 30 il est encore normal de voir des piétons se déplacer sur la rue et non sur le trottoir. Initialement il y a un énorme rejet des voitures à cause du danger qu’elles représentent par leur masse et leur vitesse. Une grande campagne de manipulation est organisée, dans les journaux en cas d’accident c’est le piéton qui est rendu coupable, accusé d’imprudence. Peu à peu on force l’idée que la rue n’appartient qu’aux voitures. Idée qui était inconcevable une génération plus tôt et rencontre beaucoup de résistance de la part de la population, en vain. Aujourd’hui le lavage de cerveau est si complet que ça parait une évidence.

Paris, 1920

Aucun pays n’embrasse la voiture plus que les États-Unis, peu de villes sont encore développées, surtout dans l’ouest, et peuvent donc s’aménager en pensant à la voiture, ils ont énormément de place et la voiture individuelle correspond bien à leur idée de liberté. Qui plus est les américains ont un « problème » : suite à la fin de la guerre de sécession, l’esclavage est aboli et une migration des populations noires a eu lieu, du sud vers le nord et les emplois. Et si les nordistes blancs étaient opposés à l’esclavage, ça ne veut pas dire pour autant qu’ils sont prêts à se mélanger à une population colorée.

Les choses bougent cependant peu, jusqu’à la seconde guerre mondiale, après, à partir des années 50 la banlieue résidentielle se développe partout. Aux États-Unis parce qu’elle devient synonyme de rêve américain, en Europe parce qu’il faut reconstruire. Cette banlieue résidentielle est possible uniquement grâce à la voiture qui devient omniprésente. Les premières banlieues résidentielles sont loin d’avoir les mêmes soucis que les banlieues plus tardives auront, surtout en Europe, mais à partir de là l’évolution de ce type d’habitat ira de pair avec l’évolution de la société autour de la voiture. Aux USA, on assiste au « white flight » : fuite des familles blanches qui quittent les centre villes pour s’installer dans des maisons individuelles dans des banlieues purement résidentielles, réservées de fait à des familles aisées puisque ce sont de grandes maisons, sur de grands terrains coûteux à entretenir, nécessitant la voiture pour toute sortie.

Depuis ces premières banlieues résidentielles créées autour de la voiture, l’urbanisation s’est faite autour de ce modèle, les banlieue elles-mêmes ont évoluées, encore une fois surtout aux USA, avec des terrains de plus en plus larges, des routes de plus en plus larges, des banlieues de plus en plus éloignées de tout, une séparation de plus en plus nette entre tous les aspects de la vie (zones de résidences individuelles, zones de résidences collectives, zones de bureaux, zones commerciales, zones de loisirs, …), la disparition de trottoirs, des arbres plantés par la ville … et l’apparition de quartiers de plus en plus isolés avec des barrières bloquant l’accès à certains quartiers privatisés, des dispositifs visant à écarter les jeunes (lampadaires éclairant d’une lumière spéciale qui rend moche, dispositifs sonores inaudibles à partir d’un certain âge).

La voiture et la maison individuelle de banlieue sont devenues synonyme de rêve américain, à la fois sous l’impulsion des constructeurs automobiles, par racisme et par réaction aux problèmes existant dans les villes au début du XXe siècle. La culture américaine s’est imposée partout à travers le monde après la seconde guerre mondiale et a contribué à propager cette image qu’il fallait pour avoir réussi dans la vie, avoir sa maison individuelle dans une banlieue isolée de tout, et surtout des pauvres, son jardin, et une grosse voiture.

Il y a quelque chose de parodique dans cette image, peut être ?

Ce rêve imprègne tellement l’inconscient qu’on a des couples avec de jeunes enfants qui vont s’installer à 20 ou 30 kilomètres (et parfois plus) du centre urbain où se situent pourtant leurs emplois et leurs relations, dans une banlieue résidentielle sans le moindre service, en achetant une maison d’une taille à peine supérieure à celle d’un appartement, pour un prix similaire, avec un jardin qui n’en a que le nom, se forçant ainsi à devoir posséder et utiliser deux voitures, tout ça pour avoir une maison. A ce niveau il n’y a plus rien de rationnel, c’est du lavage de cerveau.

Si 75% des français veulent aujourd’hui ce genre d’habitation ce n’est pas par goût spontané, mais parce que toute l’imagerie existante que ce soit dans les pubs, dans les films hollywoodiens ou dans projections futuristes qui étaient à la mode dans les années 50 à 70 contiennent largement ce message. Même Friends, et je m’en plaignais, une série extrêmement urbaine, et pourtant blanche, contient le même message : à partir du moment où Monica et Chandler fondent une vraie famille, ils quittent leur appartement au cœur de la cité pour une maison individuelle de banlieue.

Si on veut élever des enfants dans les meilleures conditions, il faut habiter une maison individuelle en banlieue. Ce qui est partiellement faux d’ailleurs, la banlieue convient très bien entre 2 et 7-8 ans mais c’est loin d’être le meilleur environnement pour des enfants plus âgés qui doivent apprendre l’autonomie, ce qui est rarement possible dans un habitat où l’automobile domine.

Après ce long rappel du lien entre la maison individuelle, les banlieues plus ou moins proches, et l’automobile, il apparaît donc que lorsqu’on fait des reproches à la maison individuelle, on accuse en réalité un type particulier de maison individuelle, celle qui est située dans une banlieue résidentielle, et qui nécessite l’usage de la voiture. Malheureusement ce raccourci est vite fait car la grande majorité des maisons individuelles sont plus ou moins dans cette situation. Certains reproches restent valides pour tout type de maison individuelle, mais ce n’est pas le cas pour tous, loin de là.

Ce genre de maison individuelle, qui serait contre ?

Maintenant quels sont ces reproches ? La ministre parle de « non-sens écologique, économique et social » on pourrait parler de questions de santé également, mais je suppose qu’on peut l’inclure dans le social. Analysons donc les problèmes des maisons individuelles, des banlieues résidentielles et des voitures selon ces trois critères.

Écologie :

Tout le monde sait que la voiture pollue énormément. Faire déplacer deux tonnes de métal et de plastique chaque fois qu’un individu qui fait généralement moins de 100 kg a besoin de bouger de plus de 100m est un non-sens évident. Même si les voitures utilisaient une énergie propre et renouvelable, et on sait que ce n’est absolument pas le cas, ce serait ridicule. Les transports sont responsables pour 22% de la production de CO2 dans le monde, une partie non négligeable provenant des voitures. Même en passant à des voitures électriques il reste de nombreux problèmes écologiques : mines qui vont extraire des métaux rares, fabrication de ces véhicules qui est très polluante aussi, production, transport et stockage de l’électricité … il y aurait de quoi remplir toute une bibliothèque. Bref la voiture pollue, d’autant plus par son poids, mais aussi sa taille qui a un effet sur les infrastructures nécessaires, mais aussi sur le trafic : plus les véhicules sont gros, plus ils se gênent mutuellement, provoquant des bouchons, ce qui ajoute de la pollution.

Et on ne trouve rien de mieux que de construire des voitures de plus en plus lourdes et de plus en plus grosses. On serait tentés de se moquer des conducteurs ayant besoin de compenser pour quelque chose, la réalité étant plus souvent que les voitures provoquent une peur inconsciente (et justifiée) et qu’une voiture plus grosse que celle des autres rassure, d’où escalade.

Ces voitures il faut leur fournir une infrastructure : la route. Avec des voitures de plus en plus grosses, des maisons de plus en plus grosses, des jardins de plus en plus larges (ce qui heureusement n’est pas le cas partout), combinés à une volonté hypocrite de la part des propriétaires de maisons de ne pas être gênés par le trafic automobile, on construit de plus en plus de routes : dans les banlieues résidentielles elles-mêmes, avec des longues et larges rues bourrées de cul-de-sacs, et des autoroutes ou voies rapides qui permettent de construire ces banlieues résidentielles de plus en plus loin des centres urbains. C’est l’étalement urbain que j’ai déjà légèrement évoqué ici.

Non seulement ces routes polluent lors de leur construction, ce sont aussi des surfaces mortes d’un point de vue écologique. A l’heure où le réchauffement climatique devient vraiment une priorité (avec 50 ans de retard), on doit éviter de détruire des forêts, ou même des champs, pour recouvrir le terrain d’asphalte. Sans compter que les jardins, malgré leur large superficie de verdure, contribuent finalement très peu d’un point de vue écologique, produisant plus de CO2 qu’ils n’en absorbent par exemple, souvent ultra pollués chimiquement par des propriétaires voulant un gazon parfait, et réduisant énormément la bio diversité.

Je peux aller jouer avec le voisin de derrière ?

Oui, autre point : chaque construction de banlieue est la destruction d’un habitat naturel pour le remplacer toujours par le même habitat assez artificiel. C’est de la perte de biodiversité. C’est aussi forcer certaines espèces à se confronter à l’homme, pour leur plus grand malheur, et parfois pour le notre.

Des terrains urbanisés, recouverts d’asphalte et de béton vont aussi moins bien absorber l’eau de pluie, d’où inondations, puis sécheresses. A ce niveau une banlieue résidentielle est moins pire que la ville si on considère uniquement la surface, rapporté au nombre d’habitants, c’est le pire habitat possible.

Les maisons elles-mêmes polluent : chauffage et climatisation utilisent de l’énergie, électricité ou gaz généralement. Ce qui contribue à la production de CO2 et à l’épuisement des ressources naturelles (et à nous rendre dépendants de dictatures accessoirement). Mais la construction de ces maisons est également source de pollution : le béton notamment, nécessite du sable, une ressource devenue précieuse et dont l’exploitation mène encore une fois à des destructions environnementales massives il nécessite également beaucoup d’énergie pour sa production avec encore une fois les mêmes problèmes.

Économie :

Une maison coûte plus cher qu’un appartement, à la construction comme à l’entretien, pour le chauffage … C’est là encore une évidence. Mais elle coûte également plus cher à la communauté puisque les maisons doivent être reliées individuellement à tous les systèmes : route, eau courante, égouts, électricité, câble et téléphonie, gaz, éboueurs, services d’urgence, éclairage … Plus une maison est isolée et plus ces coûts sont élevés. Plus une maison est isolée et plus il y a besoin de multiplier des fonctions qui pourraient être mutualisées : par exemple tout ce qui est laverie et qui nous parait désormais acquis comme étant quelque chose de privé pour presque tout le monde. Autre exemple : les piscines individuelles, surtout dans les régions les plus chaudes.

A moins de faire payer des taxes qui feraient fuir les habitants, les maisons de banlieue résidentielles rapportent bien moins à une commune qu’un immeuble occupant la même surface, tout en coûtant pratiquement aussi cher pour tous les services évoqués plus haut. Les maisons individuelles sont donc quasi systématiquement financées par la communauté. Ce peut être par les commerces ou les industries présents sur la commune, ou par les habitats collectifs, donc les « pauvres », un comble. Les communes qui ont une proportion trop élevée de maisons individuelles se trouvent donc dans le rouge. Aux Etats-unis de nombreuses villes n’évitent la faillite qu’en vendant des terrains pour la construction de nouvelles banlieues résidentielles, ce qui ne fait qu’accentuer le problème. Il pourrait y avoir de nombreuses faillites de villes dans les prochaines années, ce qui implique des dettes non remboursées, donc intervention de l’état (c’est à dire que tout le monde paie pour le train de vie de quelques uns) ou crise financière. Je ne sais pas quelle est la situation en France à ce niveau, nous avons de toute façon un système sans doute bien différent et des villes bien moins spécialisées. La vérité demeure qu’une maison individuelle coûte bien plus à la communauté, rapporté au nombre d’habitants, qu’un habitat collectif, et devrait donc être taxée bien plus fortement.

Un autre gouffre financier c’est la voiture. L’investissement le plus important de nombreux ménages, après le logement, mais dont l’achat est bien moins rentable : une maison ou un appartement peut être revendu, généralement à un prix plus élevé, tandis qu’une voiture perd de la valeur à grande vitesse. Si l’on tient compte de cette revente, et de l’essence qui est fort logiquement de plus en plus coûteuse, la voiture devient souvent le plus gros budget d’un ménage, par exemple un quart du budget d’un ménage moyen.

Encore une fois déplacer deux tonnes chaque fois qu’on veut faire plus de 100 mètres n’est pas une idée intelligente.

Totalement raisonnable, et ça donne tellement envie !

Économiquement la voiture a aussi une autre conséquence importante sur la société dans son entier : elle a permis l’apparition des hypermarchés, et leur explosion, remplaçant ainsi des tas de petites boutiques. Individuellement chacun y trouve un trouve un avantage ou en tout cas a l’impression d’y trouver un avantage, mais l’importance économique des hypermarchés, réunis en chaînes et franchises, bouleverse la société dans son entier. On peut se dire que la disparition de petites boutiques tenues par des petits bourgeois poujadistes et qui, en bons commerçants, sont déjà à moitié des voleurs est une bonne chose, mais est-ce un bien quand c’est pour mieux diviser la société entre un très grand nombre d’employés sous-payés, harcelés, maintenus dans une situation précaire, et un très petit nombre de rentiers richissimes ? Sans oublier que le poids des hyper-marchés leur permet d’imposer les prix aux fournisseurs, créant ainsi encore plus de misère, forçant la qualité des produits à la baisse, avec d’autres conséquences sur l’environnement que j’aurais pu ajouter au volet écologie.

Social/santé :

Les conséquences écologiques et économiques ont forcément des conséquences sociales, et des conséquences sur la santé de la population mais banlieues, maisons et voitures ont déjà des conséquences directes.

L’une de ces conséquences pour les trois est un isolement croissant. L’enfer c’est les autres, et ce n’est pas moi qui suis asocial qui contredirait cette affirmation. Mais l’absence des autres est un autre type d’enfer. La dépression est souvent liée à un manque de contact humain. Il est nécessaire, pour un individu normalement constitué, de se frotter à d’autres êtres humains, littéralement même ou presque : ne serait-ce que croiser d’autres personnes dans des couloirs ou sur des trottoirs va faire du bien au cerveau.

Même si l’isolement ne conduit pas à la dépression, il va conduire à une fragmentation de la société. On devient moins empathique, voir intolérant. Si les riches restent avec les riches, les pauvres avec les pauvres, les familles dans un coin, les jeunes dans un autre, les vieux enfermés dans des quartiers fortifiés, on ne construit plus une société ensemble mais les uns contre les autres.

Si l’on trouve difficilement des conséquences négatives pour la santé à être dans une maison, la voiture combinée à la vie de banlieue fait que les gens ne marchent plus. La marche est pourtant indispensable à une bonne santé, elle peut être remplacée par d’autres exercices physiques, mais ceux-ci nécessitent d’y consacrer du temps, de l’énergie, de la motivation, alors que la marche vient naturellement.

Parfois on peut faire de l’exercice en voiture

En urbanisme on parle beaucoup depuis peu du modèle de la ville du quart d’heure (ou des 10 ou 20 minutes), c’est à dire une ville idéale où tous les services sont disponibles à moins de 15 minutes de marche, ce qui rend la voiture inutile. C’est en effet la limite psychologique moyenne estimée : en dessous on est prêt à marcher, au dessus on prend la voiture. Bon perso je sais qu’entre y aller à pied et prendre le vélo, ça peut être plutôt 5 ou 10 minutes, et ça dépend d’autres facteurs, mais voilà, globalement ce qui compte n’est pas tant le chiffre, que l’idée.

Dans une banlieue purement résidentielle à part la petite promenade dominicale, à condition que l’environnement soit pas trop moche, personne ne marche ni ne prend de vélo (un bon substitut) : pour aller au travail acheter du pain, chez le médecin, … on prend la voiture. Même pour faire du sport on prend la voiture. C’est très mauvais pour la santé (et le porte-feuille, et la nature bien sûr).

Pour qu’une zone d’habitation soit rentable pour qu’on y trouve les différents services à un intervalle régulier, permettant de s’y rendre à pied, il faut une densité de population minimale. Cette densité de population ne doit pas forcément être aussi élevée que celle de Paris, Londres ou New York, mais elle ne peut pas s’atteindre avec uniquement des maisons individuelles. Il en va de même pour la rentabilité des éventuels transports en commun.

En gros il faut un mélange : des maisons individuelles mais aussi quelques immeubles de trois ou quatre étages. Et surtout pas de parkings démesurés ou de boulevards à six voies.

On voit donc bien que selon le cadre il peut ne rien y avoir à reprocher aux maisons individuelles ou pas grand chose, ou au contraire on peut comprendre pourquoi l’on en vient à souhaiter leur disparition.

Quelles solutions ?

Si l’on souhaite conserver les maisons individuelles, et après tout elles offrent des avantages certains, il convient donc d’éviter de les construire suivant le modèle actuel, et particulièrement le modèle américain. De nombreuses possibilités sont toutefois envisageables.

Il suffit de revenir sur l’urbanisation telle qu’elle existait avant l’automobile, en évitant les industries polluantes et autres erreurs du XIXe siècle pour avoir un net progrès.

Prenons Tokyo par exemple, l’une des plus grandes métropoles mondiales, et une densité de population très élevée. Pourtant la maison individuelle reste un type de logement très populaire, pour des raisons culturelles. Il s’agit souvent de micro maisons, sans le moindre jardin, mais le modèle fonctionne bien parce que les règles d’urbanisme sont différentes au Japon, et les habitudes aussi. Le modèle de la maison individuelle de Tokyo peut être une bonne inspiration, en plus grand quand même.

Une photo du Japon parce que j’avais envie

A Vienne cela fait un bon moment qu’ils repensent l’urbanisme et l’architecture, j’avais parlé de l’Alt-Erlaa, cette ville dans la ville, mais de nombreux immeubles sont construits dans cette ville avec une vision plus communautaire : chaque appartement contient l’essentiel, mais des pièces supplémentaires moins utiles sont partagées : bureau pour le télétravail, atelier, grande cuisine et grande salle de réception, bibliothèque … Mais ce n’est pas parce que la maison elle-même est individuelle qu’il est impossible de mettre des choses en commun. On trouve au Danemark un modèle d’éco-quartier qui suit le même principe : la chaufferie est commune, les habitants partagent également une laverie, une chambre d’amis, une grande cuisine et une grande pièce de réception où ils se réunissent entre voisins pour des repas communs plusieurs fois par semaine … Ça demande un changement de mentalité, mais est-ce un modèle si horrifique ?

Pour aller plus loin :

Je me suis appuyé sur un certain nombre de documents, d’articles et de vidéos pour cet article.

Tout d’abord un excellent article sur la civilisation de l’automobile.

Ce reportage, en français, aborde de nombreux points en rapport avec la maison, j’en ai repris certains, pas tous.

Le code de la route a 100 ans, son histoire ici. Le code lui-même. Un autre article à ce sujet.

Les maisons tokyoïtes sont expliquées ici, en anglais, une autre vidéo, toujours en anglais, nous fais visiter un quarter « typique » de Tokyo.

Not Just Bikes, une chaîne Youtube super intéressante qui parle de vélo et des Pays-bas, nous propose une vidéo (en anglais) sur la naissance de l’automobile en Angleterre. Dans le même genre une autre vidéo, toujours en anglais sur le vol des rues par les automobiles aux USA.

Une chaîne Youtube en anglais qui parle d’urbanisme. Et une autre qui explique le problème des banlieues résidentielles.

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