Le livre du jour : Le bracelet de vermeil par Serge Dalens

Verdict : bien

Le bracelet de vermeil est le titre phare de la collection Signes de piste, collection de livres pour scouts dont j’avais déjà parlé à l’occasion de mes critiques de la série du « Chat-tigre ». Serge Dalens, auteur du Bracelet de vermeil est d’ailleurs également l’un des auteurs de cette série.

Ce roman date de 1937 et raconte une histoire qui se déroule lors d’un camp d’été scout en Alsace, en 1936. Christian d’Ancourt, jeune scout, y fait la connaissance d’Eric Jansen, prince norvégien. Une belle amitié se développe entre les deux adolescent, voir un peu plus … Oui, on a beau nous vendre ça comme de l’amitié avec une petite part de surnaturel en plus, la rencontre et les interactions entre les deux garçons ressemblent quand même énormément à ce qu’on pourrait trouver dans un roman d’amour. Mais l’homosexualité n’avait guère la côte dans les années 30, donc un voile pudique est jeté sur cet aspect. Préadolescent, à ma première lecture j’avais juste trouvé ça bizarre, aujourd’hui je comprends mieux les sous entendus.

En dehors de l’amitié, et de l’homo-érotisme, on retrouve un récit destiné aux adolescent avec du mystère, de l’aventure, du merveilleux … bref tout ce qu’il faut. Je suis assez surpris, en relisant cette histoire, de voir à quel point on retrouve des éléments similaires à ceux qui font le succès de romans pour adolescents plus modernes, comme Harry Potter par exemple.

Il ne s’agit pas, sans doute, d’inspiration directe, mais je ne pense pas qu’il s’agisse non plus de simples coïncidences, J. K. Rowling n’a pas sorti tout ces éléments de son choipeau lorsqu’elle a écrit ses romans : ils appartiennent à un genre qui avait déjà beaucoup de succès dans les années 30.

Christian rencontre donc son futur meilleur ami Eric sur les quais, avant qu’ils n’embarquent ensemble dans un train pour aller vivre plusieurs mois ensemble dans un château où ils seront divisés par patrouilles, Eric et Christian se retrouvant fort heureusement tous les deux chez les Loups. Dès le début ils se sentent à la fois attirés et repoussés l’un par l’autre, ignorant tous deux qu’ils ont un destin fixé en commun, comme par une prophétie. Des éléments mystérieux les mènent à enquêter pour résoudre un mystère.

Christian est en danger, ses parents hésitent à le laisser partir mais s’y résolvent en se disant qu’il sera plus à l’abri en Alsace qu’à Paris, mais lui même ignore tout du danger qui le menace, le lecteur est un peu plus informé puisque nous savons qu’à un siècle d’intervalle l’héritier des d’Ancourt meurt systématiquement dans des circonstances étranges. Eric de son côté est orphelin, et sur son lit de mort son père lui a transmis une mission dont il ignore tout mais qui est liée à un bracelet de vermeil.

L’intrigue est sympa, avec pour gros bémol qu’elle semble nécessiter de grosses coïncidences ou une intervention surnaturelle, sous entendue par les réactions que les deux protagonistes s’inspirent l’un l’autre. C’est un peu dommage, une explication plus terre à terre serait envisageable, mais sans doute diluerait-elle un peu l’action de ce roman. Un homme inconnu est pourtant décrit comme rodant près de la famille de Christian en début de roman. Un autre inconnu semble suivre et espionner la troupe de scouts plus tard, mais il est finalement dédouané, devenant une fausse piste qui aurait pu être intéressante. Et du premier on ne saura jamais rien, ce qui est dommage.

L’ambiance quand à elle est pas mal non plus. On est pas vraiment dans un château magique, mais il est médiéval et compte son lot de passages secrets, salles de tortures et fantômes. Avec en plus quelques rappels historiques qui font un peu romans de cape et d’épée, on se retrouve dans les thèmes à la mode de l’époque, et que j’apprécie toujours aujourd’hui.

Le tout est sans doute un peu trop condensé. Le premier mois de vacances est expédié en quelques lignes et l’on découvre la troupe alors qu’ils campent ensemble depuis déjà plus d’un mois. Ça crée un décalage avec l’écriture, l’amitié semblant se nouer en quelques jours seulement sans que rien ne soit montré de son évolution pendant la période précédente. Divers incidents auraient pu être mieux répartis pour donner l’impression d’un rythme plus naturel.

Malgré cela, le roman reste solide, pour de la littérature jeunesse et assez inspirant, même et encore de nos jours.

Pour aller plus loin :

Six romans au total composent la série du prince Eric. Nous voyons les différents protagonistes grandir et mûrir dans les quatre premiers, qui nous mènent jusqu’aux champs de batailles de la seconde guerre mondiale et à la tragédie d’une jeunesse dorée brusquement confrontée à la violence et à l’horreur. Les deux derniers livres, que je n’ai jamais lus, reviennent sur d’autres histoires et aventures qui se situent quelque part entre 1936 et 1939.

Serge Dalens a écrit d’autres romans, la plupart pour les éditions Signe de piste, entre 1937 et 1995, et notamment la série policière jeunesse des enquêtes du Chat-tigre.

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