Le livre du jour : Pas de chewing-gum pour Pataugas par Mik Fondal

Verdict : passable

Quatrième tome de la série des enquêtes du Chat-Tigre, ce livre, paru en 1957, suit directement le précédent, puisque l’accroche même de cette histoire, la disparition du fils de l’inspecteur Fortier, était annoncé dans les dernières lignes du tome 3. Presque tout se passe ici à Paris, avec une incursion près du lac Léman, alors que l’été se termine et que la rentrée des classes se trouve à quelques jours seulement. Un été très chargé pour le héros du roman, puisqu’il a commencé par enquêter par les effets du hasard sur un vol dans une auberge, puis, parti en vacances dans l’est, il s’est retrouvé à enquêter sur un autre vol, avant d’être mêlé à un meurtre lors d’un second séjour de vacances sur la Loire. Cette fois c’est une enlèvement donc.

Malgré l’accroche à la fin du dernier tome, je n’avais jamais été vraiment frustré de ne pas savoir comment se résolvait cette disparition lorsque je lisais cette collection dans ma jeunesse, enfin les deux tomes que je possédais. A la rigueur le résumé du deuxième tome, présent sous forme d’illustrations en début de troisième, me donnait plus envie. Faut dire que le titre n’est guère accrocheur, c’était peut être cool dans les années 50, mais chewing-gum et pataugas ne le sont plus vraiment, depuis longtemps. Sauf chez les paras peut être ? Bon Wikipédia me dit que depuis 2018 la marque est de nouveau cool … ok.

Un fond de curiosité donc, me pousse à continuer à lire les aventures du Chat-tigre, même si je ne suis pas vraiment le public, doublement même, sinon triplement. D’abord parce que c’est des livres jeunesse, et que je n’ai plus l’âge et parce que ce sont des livres des années 50, destinés au public de l’époque. Ce qui les rend intéressants comme témoins de leur époque tout de même.

Et aussi parce que ce sont des livres pour scouts, écrits par des auteurs qui finiront, des années après l’écriture de cette série tout de même, par s’inscrire au Front National. Si j’avais déjà évoqué le sujet, c’est la première fois que je ressens réellement la chose à la lecture puisque Michel Mercadier, le protagoniste, utilise ici en référence, visiblement admirative, l’échange entre un père et son fils, condamné à être fusillé pendant la guerre d’Espagne. Père et fils admirés étant de bons gros franquistes …

Ça fait un peu mal au cœur donc de voir qu’un « héros de ma jeunesse » affiche ainsi son soutien à un beau salopard de dictateur. Bon je dis « héros de ma jeunesse », j’ai lu deux aventures du Chat-tigre pendant ma pré-adolescence, et j’ai en gardé quelques bons souvenirs, mais c’est pas vraiment une lecture qui m’a marqué. Mais quand même, ça déçoit.

Et je sais aussi que dans le contexte, avec la guerre froide, les marxistes n’étaient pas très bien vus. D’autant que le livre a visiblement en parti été réécrit puisqu’il est également fait référence à des évènements de la guerre froide de 1962, alors que le livre est sorti en 1957 ! Au moment de l’écriture ou de la réécriture, il est difficile de faire des communistes les « gentils ». L’actualité le démontre assez même si les russes ont choisi cette fois ci une dictature qui n’a rien de communiste mais qui démontre bien, encore une fois, pourquoi la dictature est une très mauvaise idée.

Il me semble pourtant que la France, dans les années 30 avait plutôt soutenu la gauche espagnole pendant la guerre, sans vraiment forcer à cause de Staline. Aucun des deux côté n’était de toute façon le côté des « bons », mais l’un l’était clairement plus que l’autre, et c’est pas celui à qui les auteurs de ce livre donnent leur soutien.

Ceci dit, pour en revenir au livre, nous avons une intrigue policière correcte, qui commence comme une enquête policière et finit sur de l’espionnage, avec des éléments cools comme une visite des catacombes et un affrontement d’espions sur le lac Léman. Affrontement qui a lieu hors champs, malheureusement, ce qui permet d’éliminer le méchant de l’histoire sans montrer de violence, ben oui, c’est une publication pour la jeunesse.

Malgré cette intrigue correcte, j’ai eu du mal avec ce roman. Malgré toutes les justifications la présence du Chat-tigre dans cette enquête n’est pas crédible, ça passe quand on est enfant ou adolescent, plus adulte. Et puis la « révélation » du milieu du livre qui permet de débloquer l’enquête n’en est pas une, non seulement elle est facile à deviner dès le début, mais il est peu crédible qu les personnages ne devinent pas tout de suite puisqu’ils commentent une erreur en identifiant mal une photographie, erreur possible quand on lit le texte, mais qui serait impossible avec une vraie photographie. Autrement dit, le lecteur peut gober la chose, mais réalistiquement, les personnages ne peuvent pas se tromper. Il suffit de se projeter à leur place pour s’en rendre compte.

J’hésite pas mal, en conséquence, à me lancer dans la suite. Si jamais je le fais, ce ne sera pas tout de suite.

Pour aller plus loin :

La collection Signes de piste, destinée aux scouts, offrait bien plus que cette série, j’ai déjà évoqué son plus gros succès, l’histoire du Prince Eric dont j’ai critiqué le premier tome, le Bracelet de vermeil, ainsi qu’un autre titre, sans suite celui là, mais qui m’avait plus séduit : les Signes de l’empire.

La collection existe toujours, j’en avais d’ailleurs acheté un tome dans les années 80, directement auprès de l’auteur qui faisait également des ciné-conférences, à une desquelles j’avais assisté avec ma grand-mère, puisque j’allais régulièrement avec elle voir des séances dans la cadre des Connaissances du monde, un truc assez cool qui me manque un peu. Mais aujourd’hui, avec Youtube, avons-nous besoin de ça ?

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