La série du jour : Le tour du monde en 80 jours par Claudio Biern Boyd

Verdict : passable, voir assez bien

Je parlais il n’y a pas si longtemps du roman Le tour du monde en 80 jours, et la raison pour laquelle j’ai relu ce roman, est que le dessin animé m’en a donné l’envie, en grande partie pour comparer l’adaptation à l’original.

Avec le confinement, et le télétravail, je me retrouve à faire bien moins de vélo, et pour ne pas enfler comme un bibendum, je fais un peu de sport à la maison, dont du vélo d’appartement. Faire du vélo est l’une de ces activités qui est quand même vachement mieux en extérieur, mais en intérieur je peux regarder la télé en même temps. Et l’idée m’est venue de me re-regarder certains dessins animés de mon enfance : Le tour du monde en 80 jours, Les mystérieuses cités d’or, Ulysse 31 … Plutôt des trucs dont je gardais une bonne impression quand même, pas Mask ou Transformers.

Oui ça.

Tout le monde connaît certainement cette adaptation du roman de Jules Verne en dessin animé. Avec des personnages qui sont des animaux anthropomorphes, ce qui constitue un choix un peu étonnant. Un de mes anciens collègue blâmait d’ailleurs en partie ce dessin animé pour l’existence des furries. C’est vrai qu’elle était mignonne la princesse Aouda, renommée Romi pour une raison inconnue, en panthère violette.

Et j’ai appris quelques trucs, lors de ce re-visionnage quand même. Déjà que cette série de 1981 est d’origine espagnole, dessinée et à moitié produite par des japonais comme ça commençait à pas mal se faire à l’époque. Quand on pense dessin animés, on pense généralement aux États-Unis et au Japon, la France se débrouille pas mal quand même, et donc voilà, petite surprise là dessus, d’autant qu’il s’agit quand même d’un roman français à la base, qui parle d’un héros anglais.

J’ai également appris qu’il y avait eu une seconde saison, dans les années 90, mais qu’elle n’avait jamais été traduite en français. Dans cette seconde saison Philéas Fogg, ou plutôt Willy Fogg puisque c’est son nom en espagnol, va partir dans des aventures sous l’océan et sous terre. Oui, après avoir adapté Le tour du monde en 80 jours, c’est à la fois 20.000 lieues sous les mers et Voyage au centre de la terre qui sont repris, mais avec les personnages de la première saison. Bon, après tout pourquoi pas ?

Une troisième chose que j’ai appris est que ce dessin animé fait parti de ceux qui sont quand même mieux vu de loin avec beaucoup de nostalgie. Faut dire qu’il y a vingt six épisodes de vingt quatre minutes tout de même, et dans le roman il n’y a pas forcément matière pour autant, ou alors faut mettre en avant le côté éducatif en présentant chaque territoire traversé, ce que fait le roman, mais pas vraiment le dessin animé. Après tout, un dessin vaut des centaines de mots.

Ce voyage sert pourtant facilement de support d’apprentissage.

C’est quand même très regrettable parce que le potentiel est clairement là et l’utilisation de ce voyage comme prétexte à se cultiver n’a rien d’original.

Donc il y a beaucoup de remplissage. De quatre personnages principaux, Philéas Fogg, Passepartout, Aouda et Fix le policier, on passe à sept, avec l’adjonction d’une mascotte ridicule, le rat Tico, d’un second policier pour permettre des dialogues avec le premier, et d’un personnage « méchant » payé pour faire échouer Philéas Fogg et qui tentera à chaque épisode de créer des ennuis à la petite équipe. Je comprends la logique de ces trois ajouts, mais ils m’horripilent.

Je ne suis plus le public visé bien sûr, et des études ont prouvé que les enfants recherchent la répétition dans la culture consommée bien plus encore que les adultes. Certains choix ont donc peut être été de bons choix. Par contre je ne suis pas convaincu qu’il faille absolument des personnages ridicules pour capter l’attention des enfants.

En tout cas d’un point de vue adulte, ces trois personnages ruinent l’histoire. Surtout Tico parce qu’il est insupportable et Transfer (mais quel nom est-ce là ?) le vilain loup qui monte sans arrêt des coups qui sont plus des tentatives de suicide qu’autre chose.

Lui
Et lui

Et même avec les nombreuses péripéties invraisemblables rajoutées, il n’y a pas de quoi remplir ces vingt six épisodes, alors régulièrement on se retrouve avec un petit ballet musical, les personnages chantent le générique à bord d’un bateau, d’un train ou autre. Ça prend quelques minutes et c’est toujours ça que le scénariste n’aura pas à écrire.

Grosso modo la trame du roman est tout de même respectée. Il y a des petits détails arrangés, mais rien de trop choquant, si l’on exclue les manigances idiotes de Transfer. Je dirais même que l’ajout d’une étape en ballon est un plus. Il y a d’autres changements qui sont clairement pour le pire (passage du pont dans les Montagnes Rocheuses par exemple) mais qui demeurent du détail.

On peut regretter un peu la qualité des dessins. J’ai bien aimé l’épisode avec le traîneau (la neige c’est tout de suite plus facile), mais pour le reste c’est loin d’être impressionnant pour un dessin animé supposé nous faire rêver et voyager. Le Reform Club de Londres par exemple est loin de donner l’image de luxe et de décadence que le club réel peut donner. La fumerie d’opium où Fix va droguer Passepartout ne dégage non plus aucune ambiance.

Le fait est que j’en avais gardé un bon souvenir, et que même si l’adaptation ajoute beaucoup de mauvais, la base est très bonne. C’est sans doute plus un dessin animé pour les 5 à 9 ans que pour les préados, et il trahit un peu son époque. Mais dans ce cadre là, ce n’est pas si mal.

Pour aller plus loin :

Le roman bien sûr. Même si il n’est pas mon préféré de Jules Verne, il n’est pas loin derrière. Il a connu de nombreuses autres adaptations, mais je ne connais que ce dessin animé et un film avec Jackie Chan qui est loin d’être bon. Le jeu 80 Days a l’air vraiment pas mal.

Le même Claudio Biern Boyd a également adapté les 3 Mousquetaires en dessin animé, avec encore une fois des animaux anthropomorphes. Je me souviens bien du générique, mais pour le reste …

Dans le même genre, nous avons le célèbre Hayao Miyazaki, réalisateur génial de Mon voisin Totoro, entre autres, et dont le premier film fut un long métrage tiré du dessin animé Lupin III dont le héros est le petit fils d’Arsène Lupin. En quelques sorte une adaptation des romans d’Arsène Lupin donc. Mais ça va plus loin puisqu’ensuite Miyazaki se réalisera des épisodes du dessin animé Holmes le célèbre détective, une adaptation italiano-japonaise avec des animaux anthropomorphes des récits de Sherlock Holmes.

Je me suis d’ores et déjà attelé à la suite avec quelques épisodes des Mystérieuses cités d’or, que l’on retrouvera donc bientôt ici, avec le roman dont ce dessin animé est l’adaptation.

Quand on parle de dessin animés et de génériques, il est difficile de faire mieux que Jayce et les conquérants de la lumière, non ?

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer