Le livre du jour : La science des balivernes par Thomas C. Durand

Verdict : très bien

Livre de 2021, par le créateur de la chaîne youtube La tronche en biais, que je ne connais pas d’ailleurs, il s’agit d’un essai sur les balivernes, c’est à dire les mensonges, légendes urbaines, théories alternatives et fausses histoires qui se répandent avec facilité, sur internet et ailleurs, et qui deviennent un véritable fléau, à travers quelque chose d’aussi important que le déni du changement climatique par exemple. Ce livre vise à les définir, expliquer leur popularité, et comment essayer de lutter contre, à la fois chez les autres, mais aussi en évitant de tomber dans ce piège.

Je me veux quelqu’un de rationnel, ce qui est déjà un danger en soi car personne ne l’est totalement et plus on se croit rationnel, plus le danger est grand de s’aveugler sur ses propres biais. Mais je souhaite l’être, le plus possible, et j’aime donc bien ce genre de livres qui me permettent de disséquer mes propres défauts et essayer de lutter contre. J’en ai déjà lu une paire du genre, mais celui-ci est nouveau, plus à jour et plus adapté à la situation d’aujourd’hui, et puis même si je connais déjà beaucoup de la science derrière ce livre, c’est le genre de sujet qui demande d’être répété et approfondi régulièrement car il est trop facile de retomber dans de vieilles habitudes.

Et effectivement, beaucoup de ce que j’ai trouvé dans ce livre était des redites pour moi. Sous une autre forme, avec d’autres exemples, mais la base, la liste des biais que l’on peut avoir, à un moment ou à un autre, les manipulations, parfois involontaires, dont on peut être victime, comment lutter contre, tout ça je le savais.

Ce livre possède l’originalité de parler des balivernes en particulier, qui reposent sur une combinaison particulière de mécanismes et d’apprendre au lecteur comment lutter contre ces problèmes en particulier.

C’est un livre intéressant pour quiconque souhaite ne plus être victime de ces balivernes, c’est à dire ne plus se retrouver à croire à des balivernes. Malheureusement, même si il contient quelques conseils pour essayer de convaincre d’autres victimes et les aider à s’en sortir, il ne propose pas de méthode miracle, tout simplement car il n’y en a pas.

Ce n’est pas quelque chose de mentionné, et l’auteur invite même plusieurs fois à considérer ceux qui répandent des balivernes comme des victimes, mais il s’agit souvent de victimes plus ou moins volontaires, et on ne pourra rien faire pour elles tant qu’elles sont volontaires. Un mensonge réconfortant est préféré à une vérité qui blesse, même quand on sait que c’est un mensonge.

Alors oui, peu de gens se lèvent le matin en se disant « Tiens, aujourd’hui je vais devenir platiste, ou climato-sceptique. » mais ça correspond souvent à une démarche volontaire de chercher des faits qui les empêchent d’avoir à faire des efforts, ou se sentir coupables.

Tout le monde devrait vouloir apprendre à réfléchir, ce que fait ce livre, et je ne comprends pas qu’on ne souhaite pas le faire, mais ceux qui ont le plus besoin de ce genre de lecture sont également ceux qui auront le moins envie de lire, d’apprendre et de changer.

Le seul moyen serait peut être de rendre obligatoire la lecture de ce livre à l’école, ou d’autres du genre, mais quand on dit que l’école apprend aux enfants à réfléchir, on ne parle pas de ce genre de réflexion. Peut être parce que des électeurs rationnels dégageraient vite fait les clowns que nous avons au pouvoir, mais l’explication ne saurait être aussi simple.

Je ne peux que recommander la lecture de La science des balivernes, ce sera toujours l’opportunité d’apprendre ou réviser quelque chose d’important. Il n’est pas ici question de goût pour tel ou tel genre ou trope, mais bien d’être moins con, comme l’auteur le dit lui-même.

Je crois pour ma part que se mentir à soi-même est l’un des pires défauts qu’on puisse avoir. Et mieux connaître les mécanismes qui permettent qu’on le fasse est indispensable.

Pour aller plus loin :

Le petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens est un classique du genre, et là aussi une lecture que je juge indispensable. Tout ce qui a trait à la dissonance cognitive mérite également d’être lu.

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