Le livre du jour : A strange manuscript found in a copper cylinder par James De Mille

Verdict : passable

La semaine dernière je faisais une semaine à thème, explorant l’image des Ptérosaures dans la fiction, à cette occasion je me suis demandé quel était le premier roman mettant en scène ces créatures, autrement qu’en étant simplement évoqués. La réponse à cette question semble être la même que pour les dinosaures, il s’agit du roman A strange manuscript found in a copper cylinder par l’auteur canadien James De Mille (uniquement disponible en anglais à ma connaissance).

Ce livre est paru en 1888, mais l’auteur étant décédé en 1880, il a donc été écrit avant, sans que l’on ait la date exacte. A sa sortie le livre a été considéré comme une simple copie des œuvres de H. Rider Haggard, les Mines du roi Salomon et She, qui sont pourtant parues après l’écriture de ce texte. Pour ma part cependant, je n’ai pas trouvé beaucoup de ressemblance avec les Mines du roi Salomon, mais je dois encore lire She, nous verrons bien. Et même si techniquement il s’agit d’un récit d’aventure dans un monde perdu, le ton en est bien différent et nous sommes plus proches d’un de ces mondes prétextes à critiquer la société contemporaine.

Il y a deux niveaux dans ce roman, nous sommes d’abord introduits à quatre jeunes hommes qui sont en voyage sur un yacht, et s’y ennuient. Ils tombent par accident sur un cylindre de bronze contenant un récit écrit sur du papyrus, un récit à la première personne dont le narrateur s’est retrouvé échoué sur une île en Antarctique. Il raconte comment il est arrivé là et quelles furent ses aventures.

Bien que le roman ne référence pas Poe et les Aventures d’Arthur Gordon Pym, contrairement à Jules Verne ou H. P. Lovecraft, il semble évident qu’il s’en inspire beaucoup : le début de l’histoire suit de très près la fin du livre d’Edgar Poe, avec un personnage différent. On y retrouve une mer antarctique, et non un continent, sur laquelle de forts courants attirent des voyageurs contre leur volonté en direction du pôle sud où ils y découvrent un climat qui se réchauffe à mesure qu’on en approche.

Le début parait assez aventureux, avec des cannibales, un grotte mystérieuse, des monstres marins qui rappellent Plésiosaures et Ichtyosaures, comme dans le Voyage au centre de la Terre, mais rapidement le protagoniste se retrouve « prisonnier » d’un peuple très accueillant mais qui a la particularité de posséder des valeurs totalement opposées au nôtres : ils ont pour seul désirs de mourir, de s’appauvrir, d’être malades, de se sacrifier pour les autres …

A partir de là, le roman passe un très long temps à nous monter les absurdités de cette société, avec de temps à autre un retour sur les quatre hommes à bord de leur yacht qui commentent le récit, apportant quelques précisions scientifiques (on apprend qu’il s’agit donc effectivement de Plésiosaures, d’Ichtyosaures, mais aussi plus tard d’Iguanodons et de Ptérodactyles, entre autres) qui visent à cautionner le récit, mais aussi nous donner le point de vue de l’auteur sur son propre texte.

A travers ces quatre hommes, l’auteur nous dit donc clairement qu’il faut interpréter ce texte comme une satyre et nous propose ce qu’il faut en déduire, que peu importe les désirs de poursuites externes, le vrai bonheur se trouve en nous. Le procédé fait sourire, mais n’est pas vraiment utile, il est difficile de prendre ce texte pour autre chose, malgré ses débuts.

C’est d’ailleurs rapidement pénible car dans le but d’insister sur l’absurdité de cette société, l’auteur se répète encore et encore, et condamne son héros à agir de façon passive et stupide pour éviter de résoudre le problème en cinq minutes.

A partir de là plus aucun personnage n’est vraiment crédible, à part peut être la femme dont le protagoniste tombe amoureux et qui vient d’une société normale, mais elle aussi antarctique.

Le roman s’interrompt assez brusquement, l’histoire principale étant terminée, mais les détails sont négligés, on ne sait pas, par exemple, en quelles circonstances le narrateur écrit ce texte, dont il souhaite qu’il parvienne à son père. Vu la parution post-mortem on peut supposer que ce récit n’était pas achevé à 100%, ce qui explique cette fin courte et brutale.

Ce roman est donc à ma connaissance le premier où l’on peut croiser dinosaures et Ptérosaures, et c’est tout à son crédit, il y a deux ou trois autres bonnes idées côté aventure. Côté satyre par contre, je suis loin d’être convaincu, et vu que cet aspect ruine complètement le premier …

Pour aller plus loin :

James De Mille est mort assez jeune, à 46 ans, il a cependant écrit une bonne vingtaine de textes. Son plus célèbre reste cependant A strange manuscript found in a copper cylinder, et je n’ai lu aucun des autres, ne ne suis vraiment tenté de les lire pour le moment, bien que sa prose ne soit pas désagréable.

Comme je l’ai écris plus haut, le roman est considéré comme appartenant au genre « monde perdu » qui a connu beaucoup de succès dans les années qui m’intéressent (aux environ de 1900). Le roman « fondateur » du genre est les Mines du roi Salomon, que j’ai lu il y a deux ou trois ans et qui ne m’a pas laissé beaucoup de souvenirs, si ce n’est que je m’attendais à bien mieux, mais le meilleur représentant de ce genre est sans doute le Monde perdu d’Arthur Conan Doyle, que j’ai relu il y a une semaine, et qui, lui, n’est jamais décevant.

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