Le livre du jour : Les enfants d’Erebus, tome 1 par Jean-Luc Marcastel

Verdict : Passable

Sorti en 2014, ce premier tome d’une trilogie (pour l’instant et pour autant que je sache) part sur des prémisses très similaires à ceux de l’Appel d’Am-Heh, que j’ai lu et critiqué une semaine plus tôt. Comme le précédent, il s’agit d’une suite non officielle des Montagnes hallucinées, comme le précédent on y retrouve une héroïne eurasienne, dotée de pouvoirs magiques, qui se retrouve aidée par des hommes avec un profil plus guerrier, et comme le précédent ça parle d’archéologie, de Cthulhu, de conspirations …

Et comme le précédent, a couverture a largement contribué à mon envie de le lire, en appuyant sur les bons boutons de mon imaginaire : ambiance steampunk avec tentacules, plus un obélisque qui ramène à l’Égypte et donc au côté aventure et Indiana Jones. Même si, pour le coup, l’obélisque ne provient absolument pas d’Égypte, et que le côté Indiana Jones est à oublier, mais ça, ça ne se voit pas en regardant juste la couverture. Du coup, je me dis que c’est de ce roman que j’avais entendu dire qu’il était une suite aux Montagnes hallucinées, et non le précédent, pour lequel il s’agissait juste d’une coïncidence heureuse.

Je veux dire, les deux sont bien une suite du roman de Lovecraft, mais c’est nettement plus évident ici puisque toute la première partie du roman se concentre sur cet héritage et que le personnage principal est repris ici.

Du coup, forcément, j’ai eu du mal à ne pas garder a comparaison avec l’Appel d’Am-Heh en tête pendant toute ma lecture. D’autant que, curieusement, c’est l’effet inverse qui s’est produit. La première moitié du roman m’a vraiment plu, et même si c’était un peu long à se mettre en place, j’aimais beaucoup le style de cette première moitié, ce qui aide à faire passer. Pendant cette première moitié la comparaison était donc nettement défavorable à l’Appel d’Am-Heh dont j’avais de toute façon critiqué la façon de démarrer.

« Voilà, comment on doit faire ! » Ne pouvais-je m’empêcher de penser. Et puis catastrophe, la seconde moitié est arrivée et mon opinion s’est totalement inversée. On passe d’une mise en place extrêmement lente, mais avec une tension qui monte à une deuxième moitié de roman où l’action s’enchaîne presque sans discontinuer. En soi, c’est plutôt une bonne chose, mais le problème est que cela s’accompagne de plein de défauts.

Niveau style par exemple, un des défauts les moins gênants, mais qui reste notable, et dommage, autant j’appréciais le style assez riche de l’auteur sur les description, autant pour l’action il en fait trop, bien trop, beaucoup trop. On a l’impression qu’il s’extasie en permanence sur son héroïne et veut nous forcer à ressentir la même chose, non pas en nous montrant de quoi elle est capable, mais en cumulant les adjectifs descriptifs et les périphrases, pour nous dire qu’elle est super cool. Le contraire de ce que doit faire un bon écrivain donc.

Le pire reste l’incohérence permanente qui est introduite à partir du moment où l’action débute. Incohérences dans les décisions des « méchants », incohérences dans les capacités de l’héroïne et de ses alliés qui se retrouvent forts ou faibles selon les besoins du moment, incohérences dans la gestion du temps, où une légère avance de quelques minutes permet par exemple à un ennemi d’avoir le temps d’accomplir une cérémonie rituelle et sacrificielle complète, ce qui est dur à croire. Incohérences dans les questions posées par l’héroïne lorsqu’enfin elle a l’opportunité d’obtenir des réponses. Incohérences enfin dans le plan général des ennemis qui n’a aucun sens et multiplie les risques inutiles sans raison visible. Là aussi, un romancier devrait toujours se mettre à la place du méchant de son histoire et se demander si son plan est vraiment le meilleur, plutôt que de chercher absolument à surprendre ses lecteurs.

Car tout me semble venir de là. On est dans l’outrance et la surprise en permanence, et tant pis si ça n’a pas de de sens ou se contredit d’un chapitre à l’autre, voir d’un paragraphe à l’autre. Le but est comme dans un film à gros budget ou un jeu vidéo, d’en mettre plein les mirettes et c’est tout.

Le résultat est que ma suspension volontaire d’incrédulité a rapidement volé en éclat, que j’ai dû me forcer à finir le roman, et que je n’ai aucune envie de lire la suite, alors que l’univers est très sympa, que les couvertures donnent envie, que j’apprécie le style … Mais je n’aime pas qu’on me prenne pour un abruti, et j’ai l’impression que c’est ce que ce scénario essaye de faire.

Pour aller plus loin :

Jean-Luc Marcastel n’en est pas à son coup d’essai. Pour sa défense, il semblerait que le public visé soit plus jeune, et je ne suis pas sûr que toutes les œuvres que j’ai aimées, enfant, soient totalement innocentes de ce genre de choses, et que je les aurait autant appréciées, les eus-je découvertes aujourd’hui.

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