Le livre du jour : Les compagnons de l’ombre tome 23 par Jean-Marc Lofficier

Verdict : bien

Cela fait depuis début Décembre que je n’avais pas lu, et critiqué, un tome de cette série, et je dois dire que ça me manquait quand même. Pourtant j’en avais deux attendant tranquillement sur une étagère, mais ils se sont retrouvés perdus au milieu des cadeaux de Noël et de mes emprunts à la bibliothèque … et je ne vais pas revenir sur les raisons qui font que j’ai moins lu en ce début d’année. Mais ça reprend. Et puis j’arrive de toute façon vers la fin de la série, donc tout retard n’est pas néfaste, il fait simplement durer le plaisir.

Le tome 23 est sorti en Juin 2018, et comprend douze histoires. La première est un hommage, ou une fan-fiction, à Hawkmoon et n’a pas grand chose à voir avec les récits habituels. Les douze autres obéissent aux règles normales de la série. Hawkmoon mis à part on commence en 1642, assez tôt donc, et on finit en 1980. Malgré ce début on passe rapidement au XXe siècle (quatrième histoire en 1934) et les quatre dernières se situent même après la seconde guerre mondiale donc à des périodes présentant bien moins d’intérêt. Ce qui n’empêche pas les histoires d’être intéressantes pour elles-mêmes ceci dit. Et c’est d’ailleurs le cas avec le petit côté paradoxal que j’ai globalement préféré les dernières nouvelles de ce tome plutôt que les premières.

Petit mot sur la couverture pour commencer et je dois dire que je ne suis pas fan. Ni de la composition, la tête menaçante qui se découpe en arrière plan c’est le genre de truc dont je ne suis pas fan, ni de la réalisation, c’est pas super beau, ni du choix des personnages puisque je ne reconnais aucun des récits de ce livre dans cette couverture. Alerte « spoiler » : la prochaine que j’apprécie est celle du tome 26, je vais donc continuer à râler. Mais passons aux différents textes.

On commence avec John Davey et La mort d’un ténébreux vaisseau, qui prend place après les dernières aventures officielles d’Hawkmoon alors qu’il vit heureux avec beaucoup d’enfant. Le lien avec Les compagnons de l’ombre est ténu. Hawkmoon est un héros allemand, écrit par un anglais. De plus il s’agit de récits qui se passent dans le futur et non dans les riches années de la science-fiction ou du fantastique français. Mais une bonne partie de ses aventures se passe en France puisque son refuge est initialement en Camargue, et le concept du héros éternel a déjà bien été repris dans la série, et puis Michael Moorcock, le créateur d’Hawkmoon, a déjà participé aux Compagnons de l’ombre lui aussi, ça crée des liens. Et même si je n’aime pas être fans des créateurs, seulement de leurs contenus, des impressions que j’ai pu glaner ici et là, l’homme a l’air d’être quelqu’un de bien, ça aussi ça incite à lui rendre hommage.

Cela dit … je préfère les premiers Hawkmoon aux derniers, ce que j’en ai retenu c’est qu’il était arrivé à Tanelorn, cité éternelle qu’il avait cherchée pour enfin connaître le repos et l’en faire ressortir contredit quand même pas mal ce sur quoi le personnage est bâtit. Et puis le texte est un peu mou. Ça peut passer pour du Moorcock sans doute, mais plutôt du mauvais Moorcock. Donc sympa pour ceux qui voudraient plus d’Hawkmoon, mais moi j’ai eu ma dose donc …

Le premier véritable texte des Compagnons de l’ombre de ce tome est proposé par Micah S. Harris : Sous le Mont de la Divination. J’apprécie d’y retrouver Aramis, mais c’est le seul personnage que je reconnais vraiment, avec les personnages historiques. Bon, il y a bien Baal qui est sorti des écrits de Renée Dunan, mais c’est un nom qui vient de la mythologie, donc ce n’est pas évident à la première lecture qu’il s’agit bien du même. Ce récit souffre un peu, comme pas mal d’autres de ce tome et des nouvelles en général, de sa taille relativement courte par rapport à ce qu’il essaye de raconter, et son nombre de personnages. N’ayant pas le temps de s’attarder sur tout, il se prend parfois à « dire » bien plus qu’il ne « montre » et d’un autre côté, tend à se reposer sur la connaissance qu’on est censée avoir des personnages et des intrigues pour remplir les blancs. Sauf que l’on a pas forcément cette connaissance quand on ne connait qu’une partie du « cross-over » multiple. Tout ça gâche un peu. Je le dis ici et j’ai sans doute déjà du faire la même remarque dans d’autres tomes mais c’est un défaut assez récurrent. Mais qui me donne plutôt envie de relire toutes ces histoires, une fois que j’aurais acquis la connaissance qui me manque.

Passons à Rhapsodie styrienne de Jared Welch, qui nous amène tout de suite en 1839. Un récit qui me plait plus. Je rate pourtant toutes les références, même celles qui viennent de livres que j’ai pourtant lus, mais il s’agit de personnages secondaires, ça explique sans doute. C’est court et efficace et surtout ça parle de vampires et de lesbianisme donc tout de suite on est dans des thèmes que j’apprécie, tout comme l’époque. Et comme on a pas le temps de s’ennuyer, ça se lit bien même sans savoir de qui on parle.

En 1850 on a un autre récit court et efficace, avec bien moins de personnages : Dés, perle et sabre par Frank Schildiner. Ni lesbiennes ni vampires ici, mais le Japon, c’est déjà pas mal. Le récit me rappelle que j’aimerais m’intéresser plus au cinéma japonais, la même envie que m’avais donné Usagi Yojimbo.

Le récit suivant, de David L. Vineyard, La lune du loup blanc, situé en 1934, propose de revisiter un film d’horreur classique. Classique ou pas, je ne suis pas film d’horreur, ça tombe mal. Malgré tout j’ai pu apprécier l’histoire, même si elle va un peu vite par moments. Il me semble que si on parle d’horreur il est utile de mettre une bonne dose de description, histoire de poser une ambiance. Même problème : quand on veut mettre en place une intrigue complexe, il faut bien prendre le temps de la décrire. D’un autre côté pour ceux qui connaissent déjà le film de base, une bonne partie ferait sans doute redite. C’est toujours le problème des suites, fan-fictions ou autres textes du genre. Qu’est ce qu’on considère connu, et que doit on « redire » ? Et si on ne redit pas assez pour un lecteur qui, comme moi, découvre totalement le sujet, on tombe dans le problème que j’évoquais plus haut.

Toujours dans les années 30, Petits rêves pour une ville flottante de Peter Gabbani est une petite aventure sympa de Doc Ardan, un personnage qui, à ce point, doit ben plus aux Compagnons de l’ombre qu’à son créateur originel. Le récit semble sous-entendre un « cross-over » avec une autre œuvre, mais les références offertes en fin de livre ne montrent absolument personne en dehors de ce personnage. C’est surprenant, un peu bizarre même.

Et l’on revient en arrière, en 1933, avec le texte de Adam Mudman Bezecny, Harry Dickson à New York qui voit se confronter Harry Dickson, un docteur Ox (personnage de Jules Verne) vieillissant et bonifié et d’autres que je ne connais pas. Et ça marche plutôt bien.

C’est d’actualité et excitant, l’histoire suivante se concentre sur Indiana Jones, à qui Bob Morane vient prêter main forte en 1942 pour tuer des nazis dans La nécropole du silence par Vincent Jounieaux. Et c’est un récit bien décevant. Ça manque de cohérence, les personnages agissent bizarrement. Indiana Jones ne sonne pas du tout comme Indiana Jones, et c’est d’autant plus triste que c’est un personnage que j’adore. Il n’y a pas de fin ironique pour les adversaires, comme on pourrait s’y attendre pour un récit Indiana Jones. Et … voilà, j’ai pas du tout accroché à ce texte.

C’est là que nous entrons dans la seconde moitié du XXe siècle et des thèmes pourris comme les extra-terrestre, en commençant par le texte de Matthew Baugh : Les Lumières du Mont Haint et effectivement, ça se passe en 1959 (pff), en Caroline du Nord (re pff) avec des personnages que je ne connais pas (re-re-pff) et ça parle d’extra-terrestres ( … ). Et pourtant malgré tout ça, j’ai beaucoup aimé. La seule explication que je vois est que c’est sans doute super bien écrit.

Le reste aussi est bien écrit, à commencer par La Maison de l’Hombre Lobo de Nathan Cabaniss, qui se déroule en 1966. Une histoire de vieux cinéma encore, avec des personnages que je ne connais pas, mais je peux apprécier l’intrigue, et sa conclusion.

Pour La mort de Von Bork par Brian Gallagher, c’est un peu différent. Même si je ne connaissais initialement pas les personnages, enfin pas tous, Von Bork lui même vient de Sherlock Holmes donc ça va, j’ai de toute façon appris à les connaitre mieux car il s’agit d’un récit qui se prolonge de tome en tome, une histoire de vampire qui s’écrit au fil des décennies et que j’apprends à apprécier de plus en plus. Nous sommes en 1976 et Von Bork meurt, comme le titre le dit, c’est une étape importante et l’on approche de la fin. Mais est-ce vraiment fini ?

Enfin, pour conclure ce tome, nous avons une histoire très courte de Michel Stéphan : Madame Atomos Connait la Musique, dont je suis moins fan pour des raisons que j’ai déjà évoquées dans ma critique du dernier Blake et Mortimer, à laquelle j’avais d’ailleurs déjà renvoyé hier, pour exactement la même raison. Quitte à me répéter : je n’aime pas mêler des personnes réelles vivantes ou dont la mort est récente à des histoires imaginaires. En arrière plan, ça peut passer. Si un récit est supposé se passer dans le monde réel à une année X il peut être obligatoire d’évoquer le président X ou la reine Y. Mais pas de les faire intervenir directement dans le récit. J’irai jusqu’à dire que je trouve ça carrément indécent de centrer l’histoire sur leur mort. Comme c’est le cas ici. Certes nous parlons de personnes publiques et je suis d’accord pour dire que choisir une carrière de ce type les oblige à renoncer à une partie de leur vie privée. Mais à ce point, ça me met mal à l’aise.

Pour aller plus loin :

Critique des compagnons de l’ombre tome 1.

Critique des compagnons de l’ombre tome 2.

Critique des compagnons de l’ombre tome 3.

Critique des compagnons de l’ombre tome 4.

Critique des compagnons de l’ombre tome 5.

Critique des compagnons de l’ombre tome 6.

Critique des compagnons de l’ombre tome 7.

Critique des compagnons de l’ombre tome 8.

Critique des compagnons de l’ombre tome 9.

Critique des compagnons de l’ombre tome 10.

Critique des compagnons de l’ombre tome 11.

Critique des compagnons de l’ombre tome 12.

Critique des compagnons de l’ombre tome 13.

Critique des compagnons de l’ombre tome 14.

Critique des compagnons de l’ombre tome 15.

Critique des compagnons de l’ombre tome 16.

Critique des compagnons de l’ombre tome 17.

Critique des compagnons de l’ombre tome 18.

Critique des compagnons de l’ombre tome 19.

Critique des compagnons de l’ombre tome 20.

Critique des compagnons de l’ombre tome 21.

Critique des compagnons de l’ombre tome 22.

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