Le livre du jour : Les Chiens de Tindalos par Frank Belknap Long (et autres nouvelles)

Verdict : bien

J’avais déjà lu cette nouvelle il y a fort longtemps, et à l’époque je la croyais écrite par Lovecraft lui-même et à la relecture j’ai encore failli m’y tromper, car l’imitation est quand même assez bien réussie. L’auteur a écrit ce texte en 1929, époque à laquelle il correspondait avec Lovecraft, et les horreurs titulaires de ce texte, les chiens de Tindalos, ont été officiellement intronisé dans le mythe de Cthulhu par Lovecraft lui même dans un texte de 1931.

Je me faisais toutefois la réflexion, en relisant ce texte, que même si ces chiens sont bien dans l’esprit du mythe, l’histoire du monde telle qu’elle est décrite dans la nouvelle n’est pas tout à fait compatible avec celle que Lovecraft décrit habituellement. Il s’agit cependant d’un point de vue doublement subjectif puisque nous avons un narrateur relatant les descriptions faites par un autre personnage qui est sous l’effet d’une drogue et même si nous devons prendre ce qu’il dit pour une vérité (horrifiante d’ailleurs), ce n’est qu’une seule vérité et il peut y en avoir d’autres échappant à sa perception.

Il est fait mention également d’une sorte de péché originel qui n’est pas trop dans le style de Lovecraft, mais pour le reste ça passe plutôt pas mal. Jugez plutôt : le narrateur relate sa visite à un ami qui va prendre sous ses yeux une drogue lui ouvrant sa perception à travers les siècles, lui permettant de contempler l’histoire de l’humanité à travers les yeux de tous ses ancêtres simultanément. Hélas cette drogue fonctionne trop bien, et il attire l’attention de bêtes qui peuvent le pourchasser à travers les méandres du temps.

Ces créatures sont les chiens de Tindalos, et il affirme pouvoir s’en protéger en éliminant tous les angles dans son environnement, faisant encore une fois appel au narrateur pour plâtrer sa pièce de vie avec lui et en faire l’équivalent de l’intérieur d’une sphère.

Bien sûr tout cela ne finira pas très bien.

J’aime beaucoup ce texte, qui souffre toutefois d’une grosse faiblesse : la vitesse à laquelle on passe d’un simple test de la drogue à la découverte du péché originel et des chiens de Tindalos. Je ne peux m’empêcher de croire que Lovecraft aurait été plus habile ici et aurait su étaler un peu cette partie, nous faisant lentement sombrer dans l’horreur plutôt que nous précipiter d’une manière assez peu réaliste, car si la drogue tuait (indirectement) dès le premier usage, qui en ferait usage ?

Avec ce texte j’ai également lu Les mangeuses d’espace, du même auteur et qui met en scène un auteur de textes et de poésies nommé Howard. Il s’agit bien sûr d’une référence à Howard Philip Lovecraft lui-même, Frank Belnap Long lui ayant demandé au préalable de le faire ainsi périr sous les assauts d’une créature digne de ses propres inventions. Là aussi l’imitation est bien faite, mais il paraîtrait étonnant pour Lovecraft de se mettre ainsi en avant.

Dans cette nouvelle des créatures venues de loin, très loin, traversent les froides étendues de l’univers pour venir se nourrir de cerveaux humains, par des méthodes ésotériques qui échappent à notre compréhension.

Le troisième texte du jour est Talion, par Clark Ashton Smith, où un homme est engagé par un érudit, qui se révèle une sorte de sorcier, pourchassé par une chose abominable qui cherche à prendre sa revanche. Là aussi nous sommes dans un hommage, ou une imitation, réussis, et le célèbre Necronomicon intervient dans le récit.

Finalement le dernier de ces textes est La pierre noire, par le grand Robert E. Howard lui même, le célèbre créateur de Conan, Sonia la rousse, et autres … Bien que ce récit se rapproche de ceux de Lovecraft, on retrouve les particularités de Robert Howard, qui a fait intervenir des éléments du mythe de Cthulhu a de nombreuses reprises dans ses propres récits. On y retrouve donc un peuple barbare, monstrueux, une jeune fille en péril, des civilisations européennes primitives … Le héros ne s’empare toutefois pas d’une hache ou d’une épée pour sauver la jeune femme en danger, tant pis.

Dans tous les cas ce sont de bons textes, à la lecture très agréable et dont les ficelles piquées à Lovecraft fonctionnent tout aussi bien que si il en était l’auteur.

Pour aller plus loin :

J’ai déjà plusieurs fois évoqué le mythe de Cthulhu et on créateur, H. P. Lovecraft, soit directement : ici, ici ou encore ici. Soit à travers ceux qui s’en inspirent, l’inspirèrent ou dont les textes présentent d’étonnantes ressemblances.

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